PREMIÈRE MOITIÈ DU XVII° SIÈCLE                   283
Sauval est le seul auteur qui ait parlé de l'atelier temporaire de la maison des jésuites. Sans lui on ignorerait jusqu'à l'existence de cette manufacture, à laquelle on ne saurait encore attribuer avec certitude une seule tapisserie. Comme il s'écoula un certain temps entre le rétablissement des jésuites dans leur maison pro­fesse et l'installation des artistes dans la grande galerie du Louvre, c'est peut-être durant cet intervalle que nos deux tapissiers habi­tèrent provisoirement la maison des Tournelles, où furent montés pendant quelques années cles métiers de haute lice sur lesquels les renseignements font complètement défaut.
Dès 1607, Laurent et Dubout occupent, dans la galerie du Louvre, les deux logements les plus rapprochés des Tuileries, dans le voisinage de Pierre Dupont, l'inventeur des tapis à la façon du Levant, le fondateur de la Savonnerie. En1613-, Laurent cède le titre de tapissier du roi à son Iils, qui continue à partager avec Dubout ou ses héritiers l'atelier de la grande galerie jus­qu'en 1650, et même après cette date. L'atelier de haute lice du Louvre, sur lequel on possède fort peu de détails, ne disparait des documents contemporains qu'en 1671. Les derniers occupants avaient probablement été transférés à la maison des Gobelins lors de sa réorganisation par Colbert.
Bien n'est plus difficile que de déterminer le contingent des diffé­rents ateliers royaux pendant cette première partie du xvii- siècle. Les ouvriers flamands installés au faubourg Saint-Marcel, dans la première manufacture des Gobelins, ont complètement éclipsé les artisans français établis dans le palais mème du roi. Il existe ce­pendant un témoignage contemporain d'une très réelle valeur et présentant toutes les garanties désirables d'authenticité, qui attribue formellement à l'atelier des galeries deux pièces exécutées sur les cartons de Simon Vouet. En effet, d'après l'inventaire du mobi­lier de la couronne, dressé sous le règne de Louis XIV, un Mse sauvé des eaux, de cinq aunes de large sur quatre de haut, et une Histoire de Jephté, de cinq aunes cinq sixièmes sur quatre, pro­viendraient de l'atelier de Laurent et de Dubout.
La description minutieuse de ces tapisseries, insérée dans l'inven­taire royal que nous venons de publier, permettra peut-être de les retrouver ou d'en découvrir quelque fragment; on aurait ainsi une base certaine pour attribuer aux mêmes artistes d'autres œuvres restées anonymes. Il n'est pas admissible qu'un atelier qui a vécu